À l’avant-veille de la mobilisation syndicale nationale du 25 juin, la fédération UNESSA dénonce l’effacement progressif, mais de plus en plus criant, de toute véritable concertation avec le terrain, reléguée au second plan par un pouvoir politique qui choisit délibérément de se boucher les oreilles. Pour la fédération de l’aide et des soins aux personnes, cette méthode de gouvernance est tout sauf efficace : elle affaiblit le dialogue, entame la confiance, méprise l’expertise de terrain, coûte en énergie et en moyens, retarde l’émergence d’avancées solides et consensuelles. Elle met en danger la cohérence de nos systèmes sociaux et de santé.
Depuis plusieurs mois, UNESSA assiste à une dérive préoccupante : les décisions structurantes pour ses secteurs sont, de plus en plus souvent, prises à huis clos dans les sphères politiques, sans y associer les acteurs de terrain concernés. « Quant aux soi-disant moments de ‘concertation’, ils se réduisent à peau de chagrin. Ils servent à légitimer des choix déjà arrêtés. Au mieux, on nous laisse des miettes : quelques aménagements à la marge restent possibles, au pire, nous avons droit à une séance d’information. Cette façon de faire n’est ni respectueuse, ni efficace, ni durable. C’est également dangereux. Cette manière de faire produit des réformes techniques, mal ancrées, mal comprises et mal mises en œuvre. » dénonce Philippe Devos, Directeur général d’UNESSA.
UNESSA refuse une concertation de façade
UNESSA ne sera pas le témoin passif d’un processus vidé de son contenu, alors même que les défis de ses secteurs exigent une approche collective, une vision partagée et la co-construction de solutions pérennes.
L’exemple le plus récent est éloquent. L’avant-projet de loi du ministre Vandenbroucke visant entre autres à limiter les suppléments d’honoraires à l’hôpital et en ambulatoire, est emblématique de ce que la fédération dénonce. « Le ministre veut une réforme à marche forcée, sans évaluation d’impact, sans anticipation des effets collatéraux et surtout, sans véritable dialogue avec les fédérations représentatives concernées. » déclare le Directeur général d’UNESSA, qui ajoute : « Le plus frappant, c’est qu’en souhaitant rendre les soins financièrement les plus accessibles possible à la population, le ministre Vandenbroucke va obtenir l’effet inverse si rien ne change. L’ensemble du secteur ne s’est pourtant pas privé de le lui répéter dans le peu de temps qu’il nous a laissé pour réagir. »
Les trois piliers de la bonne concertation
D’après UNESSA, tout projet de réforme doit s’inscrire dans une logique :
- globale, tenant compte de toutes les composantes du système et des potentiels effets collatéraux ;
- séquentielle, avec des étapes pensées, évaluées et ajustées en fonction des objectifs mais aussi des réalités de terrain ;
- ouverte, en intégrant toutes les parties prenantes dès le départ et non une fois le train lancé.
Confiance rompue, confiance perdue
Ces trois piliers constituent la meilleure garantie d’obtenir des résultats rencontrant au maximum les attentes de chacun. D’autant qu’« à vouloir travailler dans leur coin, nos autorités politiques se coupent toujours plus des réalités de terrain. Plus grave, elles suscitent la défiance. Et une fois la confiance rompue, la reconstruire prend du temps. Vous refaites appel à un plombier qui vous a grugé ? » interroge Philippe Devos.
Faire confiance aux corps intermédiaires
Dans la conjoncture actuelle, difficile s’il en est, UNESSA continuera à prendre ses responsabilités et gardera la porte ouverte. « Mais nous exigeons d’être traités comme des partenaires à part entière, et non en spectateurs passifs. Les enjeux sont trop importants pour que la méthode prenne le pas sur le fond. Il est temps de remettre la concertation réelle au cœur de l’action publique. » déclare le patron d’UNESSA. Et d’ajouter : « Les corps intermédiaires, tels que les fédérations sectorielles, sont des leviers démocratiques, pas des obstacles. Ils apportent de la légitimité, du réalisme et de la cohérence aux décisions publiques. Les exclure, c’est prendre le risque de décisions inefficaces et clivantes. »
UNESSA demande que les réformes, nécessaires, aillent de l’avant. Mais la méthode pour les mener à bien doit être revue de toute urgence. La fédération de l’aide et des soins aux personnes ne réclame pas une place à part dans ce processus, juste d’être prise en compte là où les décisions concernant ses affiliés se construisent, au même titre que tous les corps intermédiaires concernés, d’ailleurs.