Il faut assurer la survie des crèches sans faire payer les parents

13/05/2020 - UNESSA et la Ligue des familles réclament d’urgence la prolongation de la dispense de paiement de la crèche, pour les enfants qui n'y sont pas et le maintien des compensations financières pour les milieux d’accueil, au-delà du 18 mai.


Communiqué de presse commun UNESSA – Ligue des familles 
 

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photo par yanalya - fr.freepik.com


À partir de lundi prochain, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles met fin aux compensations financières « covid-19 » pour les crèches. Les milieux d’accueil se retrouvent à nouveau dans l’incertitude financière et les parents qui ne remettent pas leurs enfants en crèche doivent à nouveau la payer. UNESSA et la Ligue des familles réclament d’urgence la prolongation de la mesure actuelle qui dispense les parents du paiement sans justification et le maintien des compensations financières pour les milieux d’accueil, au-delà du 18 mai.

Le 23 avril, le secteur de l’accueil de la petite enfance poussait un ouf de soulagement. Le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles avait enfin accordé des compensations financières aux crèches couvrant, en partie seulement, la chute de leurs revenus, consécutive à la baisse de leur fréquentation due au Covid-19 (les parents dont les enfants n’étaient pas en crèche étant exceptionnellement dispensés de participation financière). Il était temps, plusieurs crèches connaissent une situation budgétaire très précaire mettant leur survie en question (lire le communiqué d’UNESSA du 23 avril). Les premières compensations ont été versées, l’impact global de la mesure est toujours en cours d’évaluation.

Crainte, incertitude et incompréhension
Soulagement de très courte durée cependant. La Fédération Wallonie-Bruxelles a annoncé la fin des compensations pour le 18 mai prochain. UNESSA insiste : ces compensations restent vitales pour beaucoup de crèches en difficulté, au moins jusqu’au retour à la normale de leur fréquentation. Celle-ci sera loin d’être garantie le 18 mai ou dans les semaines suivantes. UNESSA l’espère au mieux pour septembre, si tout va bien.

Le problème se pose aussi du côté des parents:  Si certains parents ont pu reprendre le travail ou travailler de manière un peu plus sereine grâce à la réouverture des crèches, d’autres ont de bonnes raisons de ne pas y mettre leurs enfants : « Certains parents nous le disent clairement : ils ont peur de remettre leur bébé en crèche. » explique Christophe Cocu, Directeur général de la Ligue des familles. « D’autres sont de toute façon contraints de garder à la maison un autre enfant qui ne rentrera pas à l’école. D’autres encore sont au chômage temporaire. Et parfois, des membres du ménage sont des personnes à risque. Nous sommes au tout début de la période de déconfinement, la situation sanitaire reste précaire, on ne peut pas demander aux parents de tous remettre leurs enfants à la crèche comme si de rien n’était. »

D’autant que le Gouvernement explique à la fois qu’il est trop risqué de rouvrir les classes de maternelles… et qu’il faut faire payer les parents qui ne veulent pas remettre leurs enfants en crèche ! Pour la Ligue des familles, c’est incompréhensible.

Par ailleurs, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles recrée de l’incertitude dans les milieux d’accueil. « Le Gouvernement fait peser sur les crèches, la responsabilité de redemander aux parents de payer pour l’accueil de leurs enfants, même si ceux-ci n’y sont pas. Ce n’est pas aux crèches d’assumer cette décision. Elles ne le souhaitent d’ailleurs pas car ce serait illogique dans le contexte actuel et cela risque de compliquer leurs relations avec les parents. » déclare Christophe Happe, Directeur général d’UNESSA qui ajoute : « Malgré toutes les mesures de prévention adoptées dans les milieux d’accueil et le professionnalisme des accueillantes, nous comprenons tout à fait les parents ne souhaitant pas remettre leurs enfants en crèche. Mais sans leurs participations financières et sans compensations de la Fédération Wallonie-Bruxelles, la précarité de la situation des crèches va perdurer, voire se creuser, mettant en danger leur survie. »
 
Cellule de veille
En corollaire à la suppression des compensations financières, le Gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a annoncé la mise sur pied d’une cellule de veille au sein de l’ONE, à l’intention des milieux d’accueil de la petite enfance. Il s’agirait d’un groupe de monitoring de la situation des différents milieux d’accueil pour en garantir la viabilité et l’accompagnement.

« C’est en soi une bonne nouvelle. Toutefois ce monitoring ne devrait se concrétiser que par un état des lieux du secteur remis au Gouvernement le premier juin prochain ! Dans l’intervalle comment font les crèches pour s’en sortir financièrement ? », s’interroge Christophe Happe qui poursuit : « En outre, quand seront prises les mesures concrètes liées aux constats mis en évidence dans cet état des lieux ? Il n’y a pourtant pas de temps à perdre. Il serait aberrant de voir des crèches mettre la clé sous la porte pour raisons financières alors que certaines régions du pays sont en pénurie de places d’accueil. »

Demandes communes
A l’heure où la survie des crèches est en jeu, UNESSA et la Ligue des Familles formulent plusieurs attentes :
  • Le maintien des compensations liées à la perte de la participation financière des parents pour les crèches au-delà du 18 mai et au moins jusqu’à un retour à la normale de leur fréquentation.
  • Une concertation accrue avec les acteurs de terrain et leurs fédérations représentatives au sein de la cellule de monitoring de l’ONE.
  • La suspension d’office du versement de la participation financière pour les parents ne souhaitant pas remettre leurs enfants en milieu d’accueil à partir du 18 mai prochain.
Pour plus d’informations :

Ligue des Familles :
Christophe Cocu – Directeur Général – c.cocu@liguedesfamilles.be – 0477 381 669

UNESSA :
Jean-François Bodarwé – Responsable presse – jean-francois.bodarwe@unessa.be – 0476 40 32 77



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