Testing en maison de repos : le sens de l’urgence doit s’imposer à Bruxelles et au Fédéral

27/07/2020 - La stratégie de testing wallonne en MR(S) doit s'appliquer à Bruxelles aussi, le tout avec un financement INAMI ad hoc.


 

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Photo de Polina Tankilevitch provenant de Pexels

Nous représentons le secteur des maisons de repos tant du secteur public que privé. Ce week-end, le feu est passé à l’orange en Belgique : 20 contaminations par 100 000 habitants ces deux dernières semaines.

Le rebond n’est plus local. "La situation est grave et elle l'est partout" a déclaré Madame Vlieghe, la Présidente du GEES. «Plus on teste, plus on décèle les cas, même asymptomatiques et plus on éteint l’incendie» a expliqué Monsieur Van Lathem. Des capacités de testing plus larges pourraient être déployées « dans certaines localités ou encore dans les maisons de repos ou dans les endroits où ça flambe » estime le Porte-parole de la lutte contre le Covid.
 
1. Dès le 17 mars, le secteur a plaidé pour que les maisons de repos des trois Régions bénéficient d’une priorité tant pour le matériel de protection que pour le testing. Il a été trop tardivement entendu. Au moins un mois a été perdu. Le bilan humain est dramatique.
 
2. Ce 22 juillet, vu cette amère expérience et l’amorce du rebond, le secteur a interpellé la Première Ministre, Madame Wilmes, en sa qualité de Présidente du Conseil National de Sécurité ainsi que les Ministres régionaux de la Santé.
 
Afin de tirer les leçons du passé et surtout protéger le plus possible nos fragiles résidants, il a été demandé avec la plus haute insistance au Conseil National de Sécurité :
  1. Des tests PCR aux nouveaux professionnels permanents et temporaires (y compris étudiant ou stagiaire) intervenant en établissement, 2 jours avant leur intervention au sein de la maison de repos et ce à l’instar de ce que fait la France depuis mi-juin ;
  2. Un test PCR fait par l’hôpital pour un résidant hospitalisé au moment de sa sortie et ce, dans un souci de précaution et d’efficacité ;
  3. Le remboursement des tests sérologiques pour les résidants dans l’hypothèse où une maison utilise ces tests dans le cadre d’une stratégie locale de gestion de risque.
Au moment de conclure ces lignes, une réponse du Fédéral n’a pas encore été reçue.

3. Ce 24 juillet, la Ministre wallonne de la Santé, Madame Morreale a pris sa responsabilité dans une circulaire aux maisons de repos. En plus des directives de dépistage arrêtées par le RMG, elle « recommande fortement de procéder au testing systématique de tout mouvement qui se produit au sein de ses établissements d'hébergement collectif. Cela vise :

Pour le personnel :
  • tout nouveau membre du personnel, quelle que soit sa fonction,
  • tout stagiaire qui commence son stage,
  • tout bénévole dès qu'il est autorisé à revenir dans les établissements et quel que soit le temps qu'il y passe,
  • tout étudiant qui commence son travail,
  • tout membre du personnel qui revient d'un pays renseigné comme à risque par le SPF Affaires étrangères (code orange ou rouge).
Pour les résidents de la collectivité :
  • tout résident qui revient d'une absence supérieure à 5 jours (hors hospitalisation),
  • tout résident qui arrive d'une autre collectivité résidentielle,
  • tout résident sortant d'un hôpital est testé au plus tard la veille de sa sortie par l'hôpital.
Si la stratégie de dépistage ci-dessus est rigoureusement appliquée, que l'isolement est effectif dès l'apparition des premiers symptômes et que les contacts à haut risque sont identifiés, l'organisation du testing de toute la collectivité résidentielle n'est pas indiquée à ce stade de l'épidémie » (source : Déconfinement progressif - Rappel des règles - Courrier pour les directions).
 
Cette initiative est opportune, pertinente et responsable. C’est un significatif élément de réponse aux urgences de l’heure : le feu est à l’orange ! En même temps, c’est une recommandation et les tests complémentaires préconisés ne sont pas remboursés par l’Inami. L’application sera inégale suivant que la maison de repos finance ou pas sur fonds propres
une politique qui relève fondamentalement de la santé publique.
 
4. Le 23 juillet, en réponse à une lettre du secteur, le Ministre bruxellois de la Santé, Alain Maron a écrit que « l'organisation d'un testing généralisé, hors financement INAMI pourrait être envisagée par les Autorités (entre autres pour rassurer les institutions). Dans cette option, le timing de cette mesure doit être évalué.
Actuellement cette mesure aurait peu de sens :
  • délai d'organisation nécessaire pour ce testing de grande envergure,
  • situation endémique.
Organiser ce testing à la rentrée (post-vacances, seconde vague potentielle) permettrait au moins d'orienter certaines actions concrètes (telles que l'organisation d'activités). Pour terminer, à propos de toutes vos remarques et demandes dans le domaine des tests, cellesci ont encore été relayées en CIM ce mercredi 22 juillet. J’ai également personnellement
demandé que le RMG nous indique à partir de quand et sur base de quels indicateurs il fallait réenvisager des dépistages plus massifs ou systématiques dans les MR-MRS. Je relancerai la question si la réponse se fait attendre. »

Ces éléments sont dignes d’intérêt mais leur horizon se situe en septembre. Le rebond, c’est maintenant et il n’est plus simplement local. L’argument de la situation endémique est désormais dépassé par la réalité des faits : la situation est dès aujourd’hui alarmante sur l’ensemble du territoire belge.
 
5. Dans ce contexte, le secteur des maisons de repos :
  • maintient intégralement ses demandes exprimées le 22 juillet à l’adresse du Conseil National de Sécurité ;
  • salue l’initiative wallonne car elle est opportune, pertinente et responsable ;
  • demande que Bruxelles préconise une stratégie de testing équivalente ;
  • sollicite un soutien fédéral par le remboursement de ces tests via l’Inami car ils relèvent de la Santé publique et sont d’intérêt général.
En maisons de repos, le tribut en vies humaines est déjà par trop lourd. Il serait amoral de reproduire les erreurs du passé. Pendant un mois au moins, un défaut de prévoyance a existé à l’endroit de leurs habitants. Dans un contexte de rebond, un testing élargi est un devoir de précaution à leur égard. Le sens de l’urgence est présent en Wallonie. Il doit s’imposer à Bruxelles et au Fédéral.
 
Luc VANDORMAEL
Président de la Fédération des
CPAS de l’Union des Villes et
Communes de Wallonie
 
Karine LALIEUX
Présidente de la Fédération
des CPAS Bruxellois
Association Ville & Communes
de Bruxelles
 
Vincent FREDERICQ
Secrétaire général de Femarbel
 
Yves SMEETS
Directeur général de Santhea
 
Christophe HAPPE
Directeur général d’Unessa
 
Christian DEJAER
Directeur de Gibbis 

Annexe(s) attachée(s) :

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