Les hôpitaux tirent la sonnette d’alarme : notre système de santé a de plus en plus de mal à faire face

15/11/2021 - Les chiffres Covid-19 ont fortement augmenté ces derniers jours. Les hôpitaux sont à nouveau contraints de passer à la phase suivante et de réserver la moitié des lits en soins intensifs aux patients souffrant de Covid-19. Les soins courants doivent à nouveau être reportés. À cela s’ajoutent une pénurie importante de personnel soignant et une surcharge du personnel médical de première ligne, avec pour conséquence un système de soins de plus en plus fragile. Les hôpitaux belges demandent de durcir durablement les mesures sanitaires. Le yo-yo Covid est devenu insoutenable.


Les chiffres Covid-19 ont fortement augmenté ces derniers jours. Les hôpitaux sont à nouveau contraints de passer à la phase suivante et de réserver la moitié des lits en soins intensifs aux patients souffrant de Covid-19. Les soins courants doivent à nouveau être reportés. À cela s’ajoutent une pénurie importante de personnel soignant et une surcharge du personnel médical de première ligne, avec pour conséquence un système de soins de plus en plus fragile. Les hôpitaux belges demandent de durcir durablement les mesures sanitaires. Le yo-yo Covid est devenu insoutenable.
 
Au cours de ces dernières semaines, nous avons assisté à une hausse importante du nombre de contaminations mais malheureusement, ce n’est pas tout puisque les hospitalisations et les admissions en soins intensifs ont également fortement augmenté. À l’heure actuelle, les soins intensifs accueillent 533 patients et selon les modèles prévisionnels, l’on atteindra les 300 hospitalisations par jour d’ici la fin de la semaine. D’après ces mêmes modèles, cette situation ne va pas s’améliorer d’ici peu. Voilà pourquoi le comité Hospital & Transport Surge Capacity (HTSC), l’organe qui surveille les hospitalisations en Belgique, a décidé de faire passer les hôpitaux en phase 1B d’ici le 19/11. Cela signifie qu’ils doivent consacrer 50 % des lits en soins intensifs et quatre à six fois ce nombre de lits en hospitalisation conventionnelle pour la prise en charge de patients Covid-19. Le dernier changement à ce niveau (à 33 %) a eu lieu il y a seulement 6 jours. La vitesse à laquelle l’on passe d'une phase à l’autre en dit long, avec en prime une énorme pression sur les hôpitaux. Les interventions planifiables devront être reportées, les salles d’opérations seront pour beaucoup fermées et les interventions complexes qui requièrent une admission ultérieure en soins intensifs ne pourront tout simplement plus avoir lieu.
 
L’afflux de patients Covid n’est pas le seul souci des hôpitaux. Le manque important de personnel crée en effet une situation des plus pénibles. Les raisons à cette pénurie sont diverses : bon nombre de personnes sont contaminées en raison de l’importante circulation du virus dans la société ou doivent tout simplement respecter une quarantaine. S'y ajoutent les nombreuses infections ordinaires et l’absentéisme pour cause de maladie de moyenne/longue durée en raison de la fatigue intense accumulée par ces personnes depuis mars 2020. Le manque de personnel amène les hôpitaux à supprimer de plus en plus de lits. Pour l’instant, cette suppression concerne 136 lits en soins intensifs et 1744 lits en soins conventionnels car les prises en charges ne peuvent plus être assurées. Et ces chiffres ne font qu’augmenter.
 
Les médecins généralistes tirent également la sonnette d’alarme depuis quelques semaines. Ils ne parviennent plus à suivre le rythme avec un nombre de patients Covid tellement important qu’ils ne peuvent plus administrer les soins généraux. Les urgences déjà bien surchargées doivent à présent s’occuper des patients souffrant de troubles ordinaires non urgents puisque les médecins généralistes sont eux aussi surchargés. Un cercle vicieux s’installe et menace de plus en plus de faire chavirer le système des soins de santé.
 
Pour l’instant, les mesures sanitaires légères adoptées il y a quelques semaines semblent n’avoir que peu, voire aucun effet. Voilà pourquoi les hôpitaux belges demandent instamment au comité de concertation de prendre des mesures radicales et durables, des mesures que la population est capable de respecter sur une période suffisamment longue. Dans ce cadre, les avis des experts du GEMS sont indicatifs. Les coupoles hospitalières demandent également d'envisager la vaccination obligatoire de l’ensemble de la population et de ne plus repousser le débat sociétal en la matière.
 
Les hôpitaux se tournent également vers la population : la solution est en grande partie entre nos mains. Tout le monde peut contribuer à la préservation du système des soins de santé en se faisant vacciner, en respectant les gestes barrières et en limitant le nombre de ses contacts. Nous aurons tous un jour ou l’autre besoin de soins. Aujourd’hui, nous ne sommes plus en mesure d’offrir les soins auxquels toute personne a droit. Le yo-yo Covid hypothèque bien trop souvent les moteurs de notre système de soins : le savoir-faire et la résilience de nos prestataires de soins. Sans eux, nous ne sommes rien.
 
Au nom de toutes les coupoles hospitalières belges,
Margot Cloet, administrateur délégué, Zorgnet-Icuro
Dieter Goemaere, Directeur hôpitaux généraux, GIBBIS
Yves Smeets, Directeur général, Santhea
Christophe Happe, Directeur général, UNESSA


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