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Crise de l’accueil de la petite enfance ?

La disponibilité de places d’accueil dans les crèches est une réalité variable d’une région à l’autre. Mais dans l’ensemble, le manque de places devient de plus en plus criant, à entendre nos affiliés. Dans le même temps, les milieux d’accueil ont été définis comme essentiels au plus fort de la pandémie mais ils se débattent dans des conditions financières difficiles qui, dans certains cas, font craindre pour leur survie.   

Plus de place avant...2024
L’Institut wallon des Statistiques (IWEPS) n’actualisera les données relatives à l’accueil de la Petite enfance qu’au printemps prochain. Les dernières disponibles sont valables pour 2020 et affichent un taux de couverture de 38%, soit 38 places d’accueil « préscolaire » disponibles pour 100 enfants. Un taux déjà trop bas et la situation ne s’améliorerait pas.
A en croire les indications que les affiliés d’UNESSA remontent actuellement du terrain : les crèches sont complètes. Il est pratiquement impossible de trouver une place avant… 2024 ! Le manque est plus que criant. Au-delà d’UNESSA, les médias s’en font largement l’écho également (Le Soir, Le Vif, RTBF.be).
 
En 20 ans, les pouvoirs publics ont pourtant lancé plusieurs plans afin de créer de nouvelles places.  Et dans le même temps, le nombre d’enfants de moins de 2,5 ans a diminué de 11% (source : rapport d’activité ONE 2020 p27) ! Pourtant, la situation de nombreux jeunes parents reste parfois inextricable. 
 
Politique publique en question
Cette « crise de l’accueil » qui ne dit pas (encore ?) son nom est d’origine plurifactorielle avec des variations régionales certaines. Mais d’aucun y voient le nouvel échec d’une politique publique… la situation n’est pas neuve, les indicateurs sont disponibles et vont dans le même sens.
 
Comme l’ensemble de la société, les crèches sont lourdement impactées par l’inflation des prix et les crises à répétition. Toutefois, les dernières décisions et communications des autorités et administrations compétentes vers les milieux d’accueil témoignent d’une distance, d’une méconnaissance des réalités de terrain.
 
Financement en décalage
Ainsi, une circulaire adressée aux milieux d’accueil mi-décembre annonce une indexation de la participations financières des Parents (PFP – quote-part acquittée par les parents d’enfants pris en charge en milieu d’accueil), à partir de janvier prochain. Une bonne nouvelle en soi, certainement. Mais à bien y regarder cette indexation se limitera à 9% pour les crèches. Une hausse sans doute conséquente pour de jeunes familles mais, qui n’est absolument pas comparable à la progression des charges d’exploitation des milieux d’accueil :  les produits alimentaires ont bondi de 15% et l'électricité coûte désormais 41,9% de plus qu'il y a un an. Le gaz naturel coûte 64,3% de plus en glissement annuel et le prix du mazout de chauffage a augmenté de 39,7% par rapport à l'an dernier (source : statbel). 
 
Même si nous partageons le souci d’accessibilité pour tous des crèches et des structures d’accueil de la petite enfance en général, la manière dont sont prises les décisions les concernant, la manière dont elles sont accompagnées, les délais et le manque de considération sont interpellants. 
 
Manque de communication
Toujours mi-décembre, les milieux d’accueil ont (enfin) reçu la circulaire de l’ONE confirmant la gratuité de la prise en charge pour les familles bénéficiant du statut BIM (bénéficiaire d’intervention majorée), et un tarif réduit (70%) pour les familles monoparentales. Mais à ce jour, malgré de nombreuses sollicitations, nous n’avons toujours reçu aucune information concernant l’opérationnalisation de cette mesure ni le montant des compensations budgétaires prévues pour les milieux d’accueil. Or, cette mesure sera d’application au premier janvier prochain. Comment les crèches peuvent-elles établir leurs budgets sans ce type d’information vitale ?
 
Pour UNESSA, il est urgent de rétablir le dialogue et la confiance entre les acteurs de terrain de l’accueil de la petite enfance et les autorités compétentes. Les questions de financements doivent être urgemment débattues avec toute la concertation voulue. Plusieurs structures sont sur le fil du rasoir. Cette situation pourrait déboucher sur des licenciements voire, des fermetures pures et simples. A l’heure où les places manquent, ce serait pour le moins paradoxal.
 

 
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